L'Envol Du Faucon |Naomi Komatsu|

Naomi aimait bien la cascade, elle était sauvage comme elle et fracassait sans peur les Rogers plus bas qui bordait son étang. Pour l’instant, elle suivait tranquillement la rive pour arriver à la dernière cascade. Se baigner ? Non merci, elle n’aimait pas se mouiller et ainsi détestait la pluie. Elle était ici pour réfléchir au sec comme toujours. Alors qu’elle continuait sa petite avancée, elle vit des affaires posées non loin mais personne à l’horizon. Intriguant non ? Elle chercha une quelconque personne du regard mais rien. Les gens étaient débiles d’abandonner leurs affaires comme ça. Elle aurait pu être une voleuse quoique l’idée était tentante.

Elle jeta un dernier regard aux alentours et s’approcha des affaires Elle s’accroupit devant le sac et se mit à l’ouvrir pour le fouiller que du matériel ou presque. Une corde…alors qu’intriguée, elle se demandait ce qu’une corde foutait là, une voix la sortie de ses pensées. Une voix qui demandait de laide. Elle se redressa brusquement et se retourna vers l’eau. C’était là qu’elle l’aperçut.

Le jeune homme qui emporté par le courant fonçait droit vers une dangereux chute…il faisait donc BIEN de demander de l’aider. Une corde ? Il parlait de liane ou de corde. Elle se retourna, prit la corde et courut pour arriver à sa hauteur sur la berge. Paniquée à l’idée qu’une vie se perdre, elle attacha la corde autour d’un gros rocher, puis autour de sa taille à elle. Elle savait que lui balancer la corde aurait été une fatalité. Autant y aller. Elle plongea à son tour et se laissa emportée par le courrant, y nageant même pour arriver à la hauteur du jeune homme. Plus que quelques mètres avant la chute. Elle l’agrippa par la taille et le plaqua contre lui avant de tenter une remonter en s’accrochant à la corde. Ce fut difficile mais au bout de quelques minutes, ils échouèrent sur la terre ferme, juste en haut de la falaise qui desservait la cascade.

Naomi s’allongea sur le dos toussant un peu, épuisée..il fallait dire qu’il n’était pas super léger.

« Kuso… » fit-elle en se redressa sur un coude totalement trempée.

Ah c’était pas de chance, elle se rendit compte que sa belle et jolie tunique blanche était trempée…laissant apercevoir le fameux soutien-gorge, enfer de tous les garçons. En fait, elle n’en avait rien à faire, là, elle avait assez la rage contre le mauvais temps qui s’annonçait et la pluie arriva et ses malheureux commencèrent. Ils étaient pas mal loin de la première route fréquentée alors se déplacer sous une telle pluie n’était pas recommandé pas s’ils voulaient éviter la superbe pneumonie de leur rêve, ou plutôt cauchemar. Elle le remarqua s’inclina et se releva complètement, ne faisant pas trop attention à lui et réfléchissant plus à son propre sort à ELLE. Pauvre créature qu’elle était. Maintenant qu’elle était une sans codre elle allait pouvoir…

Il avait parlé, alors soit il était suicidaire de lui adresser la parole pour dire autre chose que MERCI, soit ce type était courageux et sûr de survivre à sa colère. Elle le foudroya du regard, de quelle perversité il parlait ? Puis comprenant qu’il faisait allusion à sa tenue elle vit rouge :

« Alors écoute, je ne veux pas de ta jacket pourrie. Ensuite, bah..t’as qu’à pas regarder ! »

Et puis, il lui avait donné un surnom quoi. C’était la chose à éviter avec elle si on espérait vivre un peu plus longtemps que la seconde qui suivait le surnom. Elle frissonna soudain, comprenant alors que fierté ou pas, la jacket allait être du voyage. Quelle poisse. Elle se dirigea d’un pas cadencé vers les affaires et s’emparer de la veste avant de l’enfiler avec rage.

« Déconne pas. J’avais juste froid. »

Elle avait tout de même pas lui dire qu’elle avait fait ça pour cacher sa poitrine qui de plus était jolie. Naomi était pas pudique, ni allumeuse disons qu’elle était naturelle et que donc c’étaient aux mecs de réviser leurs sales pulsions. Elle ferma la fermeture cachant ainsi tout objet propice à la perversité.

C’était quoi ce gros délire ? Il osait la toucher de manière menaçant, il ne tarderait pas à se retrouver avec son genou là où elle pensait s’il ne la lâchait pas IMMEDIATEMENT. Elle n’hésitait pas à se battre, initiée aux arts martiaux depuis son jeune âge et entraînée par un yakuza expert, elle savait frapper les garçons. Et généralement beaucoup ne se retenaient pas en voyant le niveau qu’elle avait. Et puis bon même pour lui quoi, il était en train d’abîmer sa jaquette là. Elle lui jeta un regard noir alors qu’il la relâchait pour cracher doucement son prénom. Elle s’en foutait pas mal de savoir comment il s’appelait, elle ne pensait qu’à se tirer d’ici.

Et puis, il y avait cette grotte aussi, au loin de l’autre côté de la cascade, presque inaccessible mais offrant un refuge sûr. En revanche pas si sûre qu’elle veuille bien le partager avec l’autre type là. Naomi le vit hésiter mais finalement MONSIEUR Kanon sauta les trois rochers glissant et terriblement traîtres sans problème. Elle ne fit pas attention à sa pique, elle n’en avait cure de sauter trois pauvres pierres de rien du tout. Elle avait un bon équilibre et jusqu’à preuve du contraire c’était ELLE qui l’avait sorti de l’eau.

NANI ? Grouiller ? Comment il lui parlait là, elle était pas sa chienne.

« Attends que j’arrive » murmura-t-elle entre ses dents.

De sauts agiles et souples, elle traversa le cours d’eau pour se retrouva face à Kanon. Elle le dévisagea sans complexe alors qu’elle baissa la fermeture éclair du blouson. Elle le retira et le balança à la figure du gars :

« Parle-moi sur un autre ton ou je te kick ! Compris ? »

Elle soupira ensuite et le bouscula un peu pour rejoindre la grotte. Une fois arrivée, après quelques centaines de mètres, elle s’y installa, adossée à une paroi humide. Cependant, elle avait froie cette pauvre petite chose. Et elle ne tarda pas à trembler. Ses habits devait sécher. Elle retira sa tunique pour rester en jean et étaler cette même tunique au sol pour qu’elle sèche.

Quoi, il avait osé prendre sa grotte à elle ? Nan mais, elle aura tout vu, limite elle avait envie de lui mettre son pied au cul pour l’éjecter vite fait d’ici. En plus monsieur s’installait au fond et se mettait à ses aises. C’est bon, elle n’avait plus froid tant elle bouillonnait de colère à l’égard du jeune homme.

« C’est quoi son problème, » murmura-t-elle en trouvant une position plus confortable contre le mur.

Il était en train de lui bouffer son air…mais malgré tout, le froid revint, lui gelant les os. Comprenant qu’elle était trop proche de l’entrée, elle s’enfonça plus loin dans les profondeurs de la grotte, là où régnait la pénombre et là où se trouvait…le diable en personne. Ce froid allait finir par les avoir malheureusement…si les secours ne voulaient pas trouver deux pauvres cadavres gelés ils allaient falloir se bouger les miches. On était fin automne et vu que la nuit ne tardait pas à tomber, l’air se refroidissait. Surtout dans cette foutue grotte. Recroquevillée contre le mur, tunique pressée contre elle, Naomi tentait de trouver un peu de repos.

Tremblant de froid, elle ne pouvait plus attendre. D’un regard perçant, elle cherchait le corps du jeune homme et crut le voir bouger dans un coin. Elle s’approcha alors doucement en rampant. Il fallait se donner n peu de chaleur mutuelle aussi bien pour la santé de l’un que de l’autre. Les choses marchaient ainsi. C’était crevé dans son coin ou bien…se servir l’un de l’autre pour rester conscient.

Lentement, elle s’allo rès de lui, grimaçant de dégoût. Franchement ce qu’elle allait faire ne l’enchantait pas mais aucun d’eux n’avait le choix. Elle se rapprocha doucement pour se plaquer contre son corps avant de jurer intérieurement en découvrant que le pull du gars c’était fait la mal. Apparemment, il avait froid aussi à sentir la chair de poule sur la peau de Kanon.

« T’emballe pas c’est ça sinon on finira gelé. »

Elle se pressa un peu plus, se maudissant avant de laisser planer un silence avant de souffler :

« Naomi.. »

Lorsqu’il bougea pour observa la sortie d’où on voyait la pluie tomber, Naomi ramassa la jaquette laissée à terre, près de lui et l’enfila en silence avant de remonter fermement la fermeture éclair du blouson. Quand il s’était excusé et l’avait remercié, elle avait d’abord cru à une moquerie. Elle ne souhaitait pas recevoir de remerciement, en revanche les excuses étaient volontiers acceptées car elle considérait qu’il s’était quand même salement comporté avec elle. Même si Komatsu était une fille froide et dure, au fond, elle n’en restait pas moins sensible. Elle le foudroya donc du regard en s’asseyant en tailler :

« Je crois rien du tout, t’enflamme pas. »

Pourquoi croirait-elle quelque chose ? C’était pas dans ses habitudes de se faire des films sur des mecs avec qui elle était coincée. Cette situation ne l’enchantait pas et sa gueule indifférente et agacée à la fois le montrait très bien. Elle essora ses cheveux encore un peu humide et admira la sortie quand la rumeur de la pluie cessa un peu preuve qu’elle avait perdu de son intensité.

Ni d’une, ni d deux, elle se redressa vivement et se dirigea vers la sortie. Elle resta cependant à l’intérieur, observant juste de plus près ce qu’il y avait dehors. Une nature trempée. La pluie prenait un rythme plu lent et régulier loin du déluge auquel ils avaient assisté quelques secondes auparavant. Naomi soupira et jeta un coup d’œil en arrière. Il aurait préféré quoi ? Etre coincée avec une fille qui préférait se faire les ongles en attendant les secours ?

Il ne semblait pas vraiment reconnaissant, elle aurait du le laisser dans cette foutue rien oh et puis, elle n’en avait rien à battre. Une fois que tout sera fini, elle retourna tranquillement chez et ne le reverra plus…jamais.

Seul problème : l’évidence qui se fit à ses yeux. Ce type était familier, elle avait croisé son visage au lycée donc forcément…risque de le revoir et de lui péter la tête rien que pour ça. Elle se retourna lentement vers lui et l’approcha avant de dire :

« On peut pas attendre, il va faire nuit. On a ni feu, ni bouffe. La pluie peut durer jusqu’à demain. Profitons qu’elle soit moins forte pour tenter de trouver un refuge dans la forêt. »

Sa voix n’était pas méchante, mais elle n’était pas gentille non plus.